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Ceci se passe quelques jours après mon dernier poste
Le train allait bientôt arriver à Lagen. J’aperçu à travers la vitre les faubourgs de la gigantesque capitale qui s’étendait bien au délà des limites que je pouvais imaginer.
Les villes volkonènes étaient certes très belles et riches mais jamais je n’avais vu pareil lieu.
De la vapeur s’échappait d’une masse d’immeuble autour desquel quelques zeppelins voletaient affichant des message en l’honneur du Jubilé. Visiblement cet évènement était bien plus important ici qu’à Cazialstava...
J’avais l’impression d’arriver dans un autre monde, le monde des humains.
Je faisais le tour du compartiment du regard. J’étais loin d’être seule. Autour de moi, Rynn Fischer bien entendu mais aussi ses autres cadets qui avaient moyennement apprécié ma promotion éclair, d’autant que je n’étais même pas une voleuse de souche.
Juste en face de moi se trouvaient Mara Leuwarden, jeune femme elle aussi récemment promue. Je savais peu de choses d’elle, seulement quelques détails sur sa réputation. Son nom de famille était le même que celui d’Hortensia, la fiancé d’Andrea, mais je doute qu’elle est quelque chose en commun.
Mara venait du Syndicat du crime Amos de Laibach, une espèce d’agence de la pègre à moitié légale. D’après ce que j’avais entendu c’était une vraie tueuse. Le genre de fillette qui lorsque vous avez le dos tourné n’hésite pas à vous planter un couteau aiguisé.
Physiquement, elle ne faisait pourtant guère peur. J’avais même du mal à lui donner un âge. Elle devait surement avoir la vingtaine même si objectivement elle faisait beaucoup moins.
Elle avait beau avoir décoloré ses cheveux en blanc et les coiffer avec un carré strict pour se donner un genre, ses traits enfantins étaient toujours présents.
Depuis que je l’avais connu, c’est à dire au moins 3 jours, elle ne m’avait pas adressé un mot. Je n’étais pas la seule à subir ce traitement, à part Rynn, elle semblait ne pas se préoccuper des autres cadets.
A ma droite, Jack Lineweaver, la trentaine bien entamé, les cheveux grisonnants. Disons qu’il avait très confiance en lui. Au contraire de Mara, il n’avait cessé de me parler de ses exploits. Il travaillait avec Rynn depuis le début de son ascension. Un type sensé être le meilleur en matière d’infiltration. J’avoue avoir été étonné de sa spécialité, mais ici il ne fallait jamais se fier au voleur en face de vous.
- Et toi ma belle vampire, dis moi donc quel est ta spécialité? me demanda-t-il avec un sourire séducteur.
Bizarrement la question me semblait difficile. Je n’avais pas spécialement une qualité plus déterminante que les autres.
- Je suis juste efficace, dis-je froidement.
Ma réponse eut pour effet de le faire taire ce qui n’était pas plus mal.
Le dernier cadet était un gamin brun d’une quinzaine d’années, Caleb Wade qui lisait tout un tas de «la dépèche nationale» depuis le début du trajet en nous faisait part de ses découvertes. Rynn m’avait expliqué qu’il était un cliché ambulant à lui seul. Un orphelin d’Helzonie très intelligent et mature pour son jeune âge. Un tacticien en puissance, receleur d’informations en tout genre. J’imagine que c’était la raison pour laquelle il lisait des piles et des piles de journaux.
- Tiens, voilà quelque chose d’intéressant! annonça-t-il en nous montrant l’article concerné du doigt, il recrute des personnes pour les jeux du colisée! Ce serait un bon moyen d’avoir un pied là bas...
Rynn se mit alors à sourire.
- Ne t’en fais pas Caleb, j’y avais déjà pensé... lança-t-elle en saisissant le journal, mais j’imagine qu’au QG aussi ils doivent avoir ce genre d’idées. On verra ça avec la grosse Adamowitz en arrivant de toute façon, elle sera là pour nous accueillir...
J’ignore ce qu’ils avaient tous avec la goupil de Lagen, mais les voleurs de Cazialstava ne semblait pas l’apprécier. Un simple problème d’égaux visiblement.
- A ce propos, reprit-elle en me détaillant, je t’ai déjà vu conduire Belova, avec ce brave Andrea, et d’après mes souvenirs tu étais plutôt douée...
C’est une légende urbaine, répondis-je ironiquement.
Je ne crois pas non... Enfin nous verrons cela plus tard ne t’en fais pas.
La grande rousse se tourna alors vers la fenêtre.
- On arrive enfin ! D’après ce que je vois, ils ont vraiment renforcé la sécurité...
En effet sur les quais, je reconnu les membres de la milice. Ils n’étaient pas seuls d’ailleurs. Des soldats de l’AAV trônaient avec eux avec leur air suffisant.
Un frisson me parcourut l’échine rien qu’à leur vu.
Rynn le remarqua et se posta devant moi comme pour me protéger.
- Tu as toujours le petit flacon que je t’ai donné hier soir? me demanda-t-elle.
Je lui fis un signe positif de la tête.
- C’est le moment d’en prendre, ajouta-t-elle, elle vient des frères Seymour, apparemment c’est du dosage extrêmement fort qui tuerait un humain. Pour le trajet jusqu’à l'hôtel cela fera l’affaire, mais après tu traiteras directement avec eux. Ils font des drogues sur mesure.
Je ne savais vraiment pas quoi penser de la guilde. Je n’aimais pas leur principe c’était vrai, mais je dois bien avouer que certains de leur personnage ainsi que leur ressource fulgurante étaient assez impressionnante. Avec les Eberhard, je n’avais jamais réussi à mettre la main sur une tel drogue. Certains privilèges étaient clairement réservés aux membres.
Je dévissai le bouchon de liège et déposa deux gouttes sur ma langue comme indiqué sur le flacon.
Rynn et ses cadets - même l’étrange Mara- avaient les yeux rivés sur moi.
L’effet ne se fit pas attendre. Je sentis mon coeur s’accélérer brutalement. Ma peau se recolora de façon à ce que j’ai juste l’air pâle. Le plus impressionnant restant le départ de ma cyanose, je n’étais plus «bleue». Je crois même que mes lèvres étaient devenues roses.
Devant l’air hébété de mes «collègues», j’imagine que l’effet était fulgurant.
- Ces deux petits cons immatures ont quand même de bons produits... reprit Rynn avec l’air satisfait, Bien allons dans l’immense capitale! Je doute que la milice nous ennuie avec notre uniforme.
Nous portions tous l’uniforme de la guilde de Cazialstava qui différait de celui de la capitale par ses liserés argentés et non dorés.
J’espère qu’elle avait raison, puisque maintenant nous descendions sur les quais.