- Je croyais pourtant que nous avions reçu pour consignes de « ne pas créer d’ennui en cette période de fête », lança la jeune femme blonde d’un ton froid.
L’homme à qui elle s’adressait ne semblait pas l’écouter. Il se contenta de passer machinalement sa main dans ses cheveux bruns, tout en jetant un œil à sa montre à gousset.
Furieuse d’être ainsi ignorée, elle se posta devant lui si vite qu’il en sursauta.
- Tu sais que je déteste quand tu fais ça… maugréa-t-il.
- Vous ne m’écoutez pas.
- Parce que ce que tu me racontes n’a aucun intérêt. Je sais déjà tout ça. Mais une intimidation de plus ou de moins à Cazialstava, ça ne changera pas la donne. Et puis il en tient de la réputation des Eberhard ! En plus Rick Pharell n’est pas le genre de type à aller se plaindre aux autorités. Et puis j’y pense… Quelles autorités ?
Il n’avait pas tort elle devait l’avouer. Le taux de criminalité était tel en Helzonie que la milice de l’état n’osait plus y mettre les pieds.
Pour elle mais aussi pour la pègre locale, c’était l’attrait principal de la région.
- On va quand même attendre 8h30… déclara l’homme, ça ne se fait pas de déranger les gens de si bonne heure.
La blonde soupira, puis s’appuya sur le mur tout en observant l’éveil des rues de Cazialstava.
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On frappa à la porte. L’homme hésita avant d’ouvrir. Il croyait savoir qui allait entrer. Pire, il en était presque sur. La scène qui allait bientôt se jouer était malheureusement déjà écrite.
Nouveaux coups. Dernier avertissement. L’homme ne se leva toujours pas, restant de marbre dans son fauteuil de cuir rouge.
La porte sauta. Littéralement.
Le visage de l’homme afficha soudain la terreur.
En face de lui se tenait un homme brun aux vêtements clinquants accompagné d’une femme au teint cadavériques et aux cheveux pâles. Les rumeurs étaient donc fondées. Cette fille était bien un démon du Volkona. Pire elle était au service des Eberhard, peut être les plus opportunistes de la pègre…
Elle le fixa des yeux dans un mutisme pesant tandis que celui qui semblait son chef regardait les lieux en affichant un sourire narquois.
- Dis moi Pharell… lança le jeune Andrea Eberhard, je constate que tu vis dans un lieu plutôt agréable pour quelqu’un qui prétend ne pas avoir d’argent. Ou alors et cela serait tragique, tu préfères le mettre dans tes effets plutôt que dans notre contrat.
L’homme se mit à trembler. Il ne parvenait même plus à masquer sa peur. Il n’aurait pas du jouer avec les Eberhard.
- Voilà ce que je crois mais bien sur ça reste une opinion personnelle, continua-t-il, tu as essayé de nous la faire à l’envers en mettant toute une partie dans ta propre poche. Qu’est-ce que tu en penses Cylia ?
La vampire qui commençait déjà à fouiller les tiroirs et à saccager les lieux s’arrêta quelques instants fixant de ses yeux violets l’homme en question.
- Je pense qu’il ment. Son rythme cardiaque s’accélère.
- Malheureusement pour toi l'ami, les vampires ressentent ce genre de chose…
- Non… C’est… C’est faux ! Scanda l’homme en tentant lui même de se convaincre.
Le Eberhard fit alors un léger signe de tête vers sa servante au teint fantomatique.
La vampire s’avança lentement vers le dénommé Pharell. Elle avait une certaine grâce et pourtant sa tenue n’arrangeait pas vraiment les choses.
Composée d’une robe bleue cintrée à la taille qui s’arrêtait juste au dessus du mollet, cela s’apparentait plus à une tenue de servante qu'autre chose. De hautes chaussettes grises cachaient ses jambes. Seule la peau de son visage était apparente, le reste étant masqué par du tissu. Elle portait également un tablier blanc assez enfantin qui renforçait son impression apparente de jeunesse.
La buveuse de sang était maintenant devant lui telle une apparition de l’au delà.
D’une vitesse extrême, elle souleva sa robe saisissant un poignard accroché à sa cuisse, puis enfonça légèrement la pointe contre la gorge de sa victime.
- Un dernier mot ? demanda-t-elle avec une voix glaciale.
L’homme était trop pétrifié pour répondre. Il sentit la lame s’enfoncer lentement de plus en plus lui arrachant quelques gémissements de douleur.
Cylia s’arrêta ensuite, retirant rapidement le poignard pour le planter immédiatement dans la cuisse. En entier.
- La prochaine fois que tu essayes de doubler les Eberhard, ce sera dans ta tête… clama Andrea non sans une certaine fierté tandis que Cylia tournait la lame dans la plaie.
Il fit de nouveau signe à sa servante.
D’un mouvement sec, elle retira son couteau de sa proie entrainait avec lui un jet de sang qui lui tacha son tablier immaculé.
Elle ne réagit pas, se contentant de lécher le couteau avant de le ranger contre sa cuisse.
- Je sais que tu aurais aimé le mordre pour prendre son sang, mais tu sais ce qui arriverait si jamais dans un élan de folie il montrait ses morsures ? lança Andrea.
- Oui maître, je sais… l’AAV débarquerait.